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Pour un Nouveau Parti Socialiste - Paris 19 Jean Jaures
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6 août 2007

Chavez vu par Ignacio Ramonet

Bonjour à tous,
En ce mois de vacances voici un article paru dans le Monde Diplomatique de ce mois ci. Il permet de remettre au clair des éléments de débats et d'échanges que nous avons notamment avec des camarades du parti sur Chavez et sa politique.
Bonne lecture et bonnes vacances pour ceux qui ont la chance d'en avoir!
Léa Filoche

Hugo Chávez

Peu de gouvernants au monde font l’objet de campagnes de démolition aussi haineuses que M. Hugo Chávez, président du Venezuela. Ses ennemis n’ont hésité devant rien : coup d’Etat, grève pétrolière, exode de capitaux, tentatives d’attentat... On n’avait pas vu un tel acharnement en Amérique latine depuis les attaques de Washington contre M. Fidel Castro. Les calomnies les plus misérables sont colportées contre M. Chávez, conçues par les nouvelles officines de propagande – National Endowment for Democracy (NED), Freedom House, etc. – financées par l’administration du président des Etats-Unis George W. Bush. Dotée de moyens financiers illimités, cette machine à diffamer manipule des relais médiatiques (dont des journaux de référence) et des organisations de défense des droits humains, enrôlés à leur tour au service de ténébreux desseins. Il arrive aussi, ruine du socialisme, qu’une partie de la gauche sociale-démocrate ajoute sa voix à cette chorale de diffamateurs.

Pourquoi tant de haine ? Parce que, à l’heure où la social-démocratie connaît une crise d’identité en Europe, les circonstances historiques semblent avoir confié à M. Chávez la responsabilité de prendre la tête, à l’échelle internationale, de la réinvention de la gauche. Alors que, sur le Vieux continent, la construction européenne a eu pour effet de rendre pratiquement impossible toute alternative au néolibéralisme (lire, dans ce numéro, les articles de Jean Bricmont et Denis Duclos), au Brésil, en Argentine, en Bolivie et en Equateur, inspirées par l’exemple vénézuélien, les expériences se succèdent qui maintiennent vivant l’espoir de réaliser l’émancipation des plus humbles.

A cet égard, le bilan de M. Chávez est spectaculaire. On comprend que, dans des dizaines de pays pauvres, il soit devenu une référence obligée. Dans le respect scrupuleux de la démocratie et de toutes les libertés (1), n’a-t-il pas refondé la nation vénézuélienne sur une base neuve, légitimée par une nouvelle Constitution qui garantit l’implication populaire dans le changement social ? N’a-t-il pas rendu leur dignité de citoyens à quelque cinq millions de marginalisés (dont les indigènes) dépourvus de documents d’identité ? N’a-t-il pas repris en main la compagnie publique Petróleos de Venezuela SA (PDVSA) ? N’a-t-il pas déprivatisé et rendu au service public la principale entreprise de télécommunication du pays ainsi que la compagnie d’électricité de Caracas ? N’a-t-il pas nationalisé les champs pétrolifères de l’Orénoque ? Enfin, n’a-t-il pas consacré une part de la rente pétrolière à acquérir une autonomie effective face aux institutions financières internationales, et une autre au financement de programmes sociaux ?

Trois millions d’hectares de terre ont été distribués aux paysans. Des millions d’adultes et d’enfants ont été alphabétisés. Des milliers de dispensaires médicaux ont été installés dans les quartiers populaires. Des dizaines de milliers de personnes sans ressources, atteintes d’affections oculaires, ont été gratuitement opérées. Les produits alimentaires de base sont subventionnés et proposés aux plus démunis à des prix inférieurs de 42 % à ceux du marché. La durée de travail hebdomadaire est passée de 44 heures à 36 heures, tandis que le salaire minimum montait à 204 euros par mois (le plus élevé d’Amérique latine après le Costa Rica).

Résultats de toutes ces mesures : entre 1999 et 2005, la pauvreté a baissé de 42,8 % à 37,9 % (2), tandis que la population vivant de l’économie informelle chutait de 53 % à 40 %. Ces reculs de la pauvreté ont permis de soutenir fortement la croissance, qui, au cours des trois dernières années, a été en moyenne de 12 %, parmi les plus élevées du monde, stimulée aussi par une consommation qui a progressé de 18 % par an (3).

Devant de tels succès, sans parler de ceux obtenus en politique internationale, faut-il s’étonner que le président Chávez soit devenu, pour les maîtres du monde et leurs affidés, un homme à abattre ?

Ignacio Ramonet.

(1) Les mensonges à propos de Radio Caracas Televisión viennent d’être démentis, cette chaîne ayant repris, depuis le 16 juillet dernier, ses émissions sur le câble et par satellite.

(2)  Mark Weisbrot, Luis Sandoval et David Rosnick. Poverty Rates in Venezuela : Getting the Numbers Right, Center for Economic and Policy Research, Washington, DC, mai 2006.

(3)  Lire le dossier « Chávez, not so bad for business », Business Week, New York, 21 juin 2007.

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Commentaires
C
Que Chavez soit diffamé par les USA, c'est un fait. Cependant, même si refuser la propagande "bushiste" est évidemment indispensable, relayer la propagande "chaviste" n'est pas acceptable pour autant.<br /> <br /> Que Chavez soit moins proche de la dictature que Poutine, que sa politique soit moins meurtrière que celle de Bush, que le culte de la personnalité qu'il organise ne soit pas plus envahissant que celui de Sarkozy, tout cela est exact. Mais en quoi cela constituerait une "réinvention de la gauche" ?<br /> <br /> Dans votre article, les arguments employés montrent que ce que vous mettez à son crédit, c'est qu'il mène une "bonne" politique capitaliste, rationnelle et efficace. Ce qui est relativement original s'agissant de quelqu'un que vous présentez comme de gauche ! Chavez s'inscrit en fait dans la tradition du capitalisme d'Etat, qui n'a rien à voir ni avec l'avenir de la gauche, ni avec le socialisme.<br /> <br /> Une réelle gauche d'avenir passera par un mouvement mondial d'abolition du capitalisme, de conquête de l'émancipation, de la démocratie, de la liberté et de l'égalité, par l'immense majorité elle-même.<br /> Dans cette perspective, une gauche authentique se doit de ne pas oublier ces paroles d'Eugène Pottier : "Il n’est pas de sauveurs suprêmes : ni dieu, ni césar, ni tribun" (L'Internationale).
Pour un Nouveau Parti Socialiste - Paris 19 Jean Jaures
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