Extraits du discours de Fillon
Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre est notamment revenu sur l'ouverture prônée par Sarkozy: "l'amorce d'une mutation politique, un nouvel état d'esprit, une autre façon de penser la démocratie". Voici les principaux points de son intervention.
Le
Premier ministre François Fillon a affirmé mardi 3 juillet, au début de
sa déclaration de politique générale devant les députés, qu'il leur
"devait la vérité parce qu'elle est au coeur de la rupture".
ÉTAT ET INSTITUTIONS
-
La rupture et le gouvernement d'ouverture
"Depuis trente ans", "droite
et gauche, nous nous sommes efforcés d'ajuster le modèle français au
lieu de le repenser de fond en comble", a lancé le Premier ministre,
alors que le président Nicolas Sarkozy a fait de la "rupture" le credo
de son action.
"Nous n'avons pas réussi, faute d'avoir osé rompre
avec ce cercle vicieux qui consiste à travailler de moins en moins et à
s'endetter de plus en plus afin de combler l'écart croissant entre nos
capacités de production et nos ambitions redistributives qui n'ont
cessé de s'élargir", a poursuivi François Fillon.
"Nous n'avons pas
réussi, faute d'aller au bout des réformes. Par appréhension politique,
par hésitation intellectuelle. Ces atermoiements ont provoqué un
divorce entre les pouvoirs et les citoyens", a-t-il jugé.
François Fillon a notamment considéré que le
gouvernement d'ouverture "est l'amorce d'une mutation politique..., un
nouvel état d'esprit..., une autre façon de penser la démocratie".
"Il
n'y a pas un peuple de droite contre un peuple de gauche, il n'y a
qu'un peuple, le peuple français capable d'unir ses forces lorsque les
enjeux sont clairs et justes", a-t-il ajouté.
- Le modèle
français
Le Premier ministre a affirmé qu'il fallait "réécrire le
contrat politique, social et culturel de la France".
Le
Premier ministre François Fillon a déclaré mardi qu'il fallait procéder
à "un examen lucide sur les ressorts usés du modèle français".
"L'embellie
économique et sociale que nous connaissons depuis deux ans est
encourageante", a dit le Premier ministre lors de sa déclaration de
politique générale à l'Assemblée nationale.
"Mais elle ne nous dispense pas d'un examen lucide sur les ressorts usés du modèle français", a-t-il souligné.
-
Les institutions
Le président de la République "entend réunir une
commission réunissant des personnalités incontestables pour leurs
compétences et représentatives de notre diversité politique", pour
"éclairer ses choix" en matière de modernisation des institutions,
a-t-il indiqué.
Le président va également "inviter les assemblées et leurs groupes à émettre leurs propositions" en la matière, a-t-il dit.
Le
président de la République doit aussi pouvoir "venir s'exprimer devant
la représentation nationale, comme l'exige la clarté politique".
BUDGET
-
Croissance
François Fillon a souhaité une "nouvelle croissance", qui
soit "forte", "saine", et "solidaire", et qu'il a opposée à une
"vieille croissance" molle.
"Imaginons ensemble une 'nouvelle
croissance' ! Une croissance forte, une croissance saine, qui ne soit
pas une croissance 'à crédit' dopée artificiellement par les dépenses
publiques. Une croissance solidaire destinée à consolider la cohésion
nationale", a déclaré François Fillon.
"Gagner le point de croissance qui nous manque, c'est l'objectif fixé par le chef de l'Etat", a-t-il rappelé.
La croissance française devrait être comprise "entre 2,25% et 2,75%" en 2008, selon les prévisions du gouvernement.
"Il faut sortir la France de l'impasse dans laquelle elle s'est enfermée: celle de la 'vieille croissance'", a-t-il souligné.
"Que la politique monétaire ne soit pas aussi réactive
que nous le souhaiterions, que la faiblesse du dollar et du yuan ne
facilite pas la tâche de nos exportateurs, c'est incontestable !",
s'est exclamé François Fillon, dans sa déclaration de politique
générale devant l'Assemblée.
"Mais le problème n'est pas que là. Le
coeur du problème est d'abord chez nous", a-t-il estimé, en appelant la
France à imaginer une "nouvelle croissance".
SOCIAL
-
Chômage
François Fillon a fixé à son gouvernement un objectif de
"plein emploi", avec un taux de chômage réduit à 5% de la population
active (contre 8,1% actuellement) en 2012.
- Sécurité sociale
François Fillon a annoncé que le plan de redressement de la branche
maladie de la Sécurité sociale, proposé en juin par l'assurance maladie
et qui prévoit notamment des baisses de remboursements, serait "ratifié
sans délai".
"Le défi de l'assurance maladie (...) est celui qui
s'impose comme le plus urgent compte tenu de la dérive des dépenses", a
estimé François Fillon lors de sa déclaration de politique générale.
Le
déficit du régime général (salariés) de la Sécurité sociale pourrait
être supérieur à 11 milliards d'euros, alors que le gouvernement de
Dominique de Villepin tablait en septembre 2006 sur un "trou" limité à
environ 8 milliards, selon les chiffres que présentera mercredi la
Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS).
"Les
mécanismes (de redressement) prévus par la réforme de 2004 joueront:
ils nous amèneront à ratifier sans délai le plan de retour à
l'équilibre proposé par les gestionnaires de l'assurance maladie", a
indiqué le chef du gouvernement.
L'assurance maladie a présenté en
juin un plan de redressement d'environ 1,4 milliard d'euros qui prévoit
notamment des baisses de remboursement pour les assurés qui n'ont pas
de médecin traitant, des baisses de tarifs de certaines spécialités
comme la radiologie ou encore le déplafonnement du forfait d'un euro
par acte médical.
"Au-delà des mesures d'urgence, nous n'éviterons
pas des décisions structurelles", a prévenu François Fillon. "Il faudra
faire des choix courageux, et la mise en place de franchises peut être
une solution", a-t-il ajouté. "Les contraintes techniques plaident
en faveur d'une franchise fractionnée avec un plafond annuel par
personne", a expliqué François Fillon, précisant que c'était "une
solution possible pour 2008". "L'équité commandera de réfléchir plus
avant", a-t-il noté.
- Syndicats
Le Premier ministre a averti
les partenaires sociaux qu'ils devraient "mettre sur la table" fin 2007
des propositions précises, notamment sur l'évolution du marché du
travail, faute de quoi le gouvernement "prendrait ses responsabilités
sans faillir".
Pour François Fillon, "cette confiance accordée
aux partenaires sociaux préfigure une modernisation d'ampleur de notre
démocratie sociale".
"La représentativité des organisations
syndicales devrait reposer sans équivoque sur le critère de leur
audience parmi les salariés, et cela à tous les niveaux de négociation.
C'est dans cette perspective que s'inscrirait l'élection à un seul
tour, ouverte à chaque syndicat légalement constitué dans
l'entreprise", a-t-il estimé.
Et "cette nouvelle organisation du
dialogue social favorisera la prise de responsabilité et une réelle
décentralisation des négociations sociales qui doit permettre à la
culture du contrat de s'imposer", a-t-il poursuivi.
François
Fillon a par ailleurs fixé aux partenaires sociaux comme "chantier pour
2008" d'engager une "véritable refondation" de la formation
professionnelle.
- Les retraites
François Fillon a indiqué que
"l'allongement de la durée de cotisation prévu" par la réforme des
retraites de 2003 n'était "pas une option" et "aurait lieu au terme de
la procédure prévue par la loi", soit après 2008. "Nous devrons
poursuivre, sans faiblesse, la mise en oeuvre de la réforme des
retraites", a prévenu Fillon. "L'allongement de la durée de
cotisation prévu en 2003 n'est pas une option, il aura lieu au terme de
la procédure prévue par la loi", a-t-il ajouté. François Fillon a
par ailleurs confirmé sa volonté de réformer les régimes spéciaux de
retraites, "au nom de la justice, au nom de l'équité".
Concernant la TVA sociale, le chef du gouvernement a redit que "le débat (aurait) lieu".
Pour
financer la protection sociale, dont "le coût est croissant", "soit
nous taxons toujours plus l'emploi, et nous laisserons partir à
l'étranger les industries, immédiatement suivies par les services, soit
nous trouvons un complément différent au financement de la solidarité
nationale", a expliqué M. Fillon.
SOCIETE
-
"Egalité des chances"
François Fillon a annoncé le lancement d'"un
plan respect et égalité des chances" à destination des "quartiers
difficiles", essentiellement axé sur l'éducation.
Ce "plan 'respect et égalité des chances' s'attachera d'abord à les désenclaver", a expliqué le Premier ministre. Il
a exprimé son souci de "mettre en avant l'égalité des chances par
l'éducation avec la réduction du nombre d'élèves dans les
établissements où se concentrent les difficultés et avec un
renforcement du tutorat".
Il a rappelé son soutien aux "internats de
réussite éducative", lancés par Jean-Louis Borloo quand il était
ministre de la Cohésion sociale.
Il a annoncé qu'"une dynamique nouvelle serait enclenchée sur la formation et l'accompagnement à l'emploi". "L'incident
du RER la semaine passée a bien montré à quel type de difficultés se
heurtent au quotidien nos concitoyens et comment dans bien des cas les
services publics répondent mal à leurs besoins", a-t-il expliqué.
-
L'éducation
Le Premier ministre a annoncé que les études dirigées de
"fin de journée" seraient effectives pour tous les collégiens "à la
rentrée 2008" et "dans la totalité de l'enseignement supérieur à la
rentrée 2011".
- Les universités
François Fillon a annoncé que le
gouvernement consacrerait 5 milliards d'euros d'ici 2012 en faveur des
universités, sa "priorité absolue".
Il a également déclaré que le
gouvernement entendait "tendre vers 3%" du PIB consacrés à la recherche
et a rappelé que "50% des jeunes" devaient décrocher un diplôme de
l'Enseignement supérieur, comme il l'avait inscrit dans sa loi sur
l'Ecole en 2005.
"Nous allons rebâtir l'université française", a
expliqué le Premier ministre en citant le projet de loi sur l'autonomie
des universités qui sera accompagnée d'"une concertation de fond, dès à
présent engagée sur les conditions de vie et de travail des étudiants".
Jugeant
"l'accroissement de notre effort de recherche indissociable de la
réforme de l'université", il a certifié ne pas être "de ceux qui
sacrifieront la recherche fondamentale au prétexte qu'elle serait
improductive à court terme".
"J'engagerai l'évolution nécessaire de nos grands organismes publics par une stricte évaluation des programmes", a-t-il prévenu. François
Fillon a jugé "tout aussi nécessaire l'accroissement de notre effort
dans les entreprises", annonçant "une simplification radicale du crédit
impôt recherche".
- Logement
"En l'espace de cinq ans, notre retard
en matière de construction, pris à la fin des années 90, devra être
comblé. Pour cela nous devrons nous tenir à un objectif de 500.000
nouveaux logements construits par an dont 120.000 logements sociaux", a
déclaré Fillon.
François
Fillon a souhaité aussi permettre "aux locataires de logements HLM d'en
devenir propriétaires avec un objectif de 40.000 accessions à la
propriété par an".
Le chef du gouvernement a également promis "un
système de caution publique afin de fluidifier et sécuriser le marché
de la location".
"L'accession à la propriété, qui sera facilitée par
la déduction des intérêts d'emprunts, doit s'accompagner d'un
élargissement du marché de la vente", a-t-il ajouté.
Il a affirmé enfin que "l'effort massif engagé en faveur de la rénovation des quartiers se poursuivrait".
-
Immigration
"Je n'accepterai jamais de régularisation globale qui
n'aurait d'autre effet que de relancer des hommes et des femmes sur les
chemins de l'exil", a affirmé François Fillon.
"Le gouvernement
combattra avec la plus grande détermination les filières d'immigration
illégales et le travail dissimulé car j'y vois une forme moderne de
traite des humains", a ajouté François Fillon.
"La France a du coeur
mais elle n'est pas assez riche pour être la terre promise de tous les
peuples en détresse", a-t-il précisé. Pour Fillon, "toute politique
d'intégration suppose, en parallèle, une politique d'immigration
choisie et non subie".
"L'intégration signifie que celui qui vient
légalement en France adopte la France, et dès lors, la France l'adopte
comme l'un des siens", a-t-il dit, ajoutant: "Ceux qui veulent venir en
France devront avoir les moyens de s'y intégrer".
Il a indiqué que
ces immigrés devraient "avoir un travail", et que seraient fixés "des
objectifs quantitatifs pluriannuels", établis "après consultation des
acteurs économiques et sociaux".
Il a précisé que ces immigrés devraient également "respecter nos valeurs républicaines" et "apprendre notre langue". "La
peur et la défiance sont les adversaires de l'identité nationale",
a-t-il ajouté, indiquant que le gouvernement n'hésitera pas à faire
preuve "d'autorité".
-
Prisons
François Fillon a annoncé que le gouvernement présenterait une
loi pour "faire progresser (le) système pénitentiaire".
-
Culture
François Fillon a indiqué qu'il allait faire "expérimenter" la
gratuité dans certains musées parisiens et de province.
INTERNATIONAL ET UE
-
Traité simplifié
"La ratification de ce nouveau traité sera soumise au
Parlement au début de 2008", a déclaré le Premier ministre, en
rappelant qu'au second semestre de 2008, la France assumerait la
présidence de l'Union européenne. Par ce nouveau traité, "le 'non'
de notre peuple au traité constitutionnel a été respecté. Le 'oui' à
l'Europe politique a été restauré", s'est félicité François Fillon.
-
L'agriculture et l'UE
Le gouvernement "ne laissera pas les
négociations au sein de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) se
déployer contre notre agriculture", a averti François Fillon.
-
L'eurovignette
"La fiscalité écologique doit émerger dans notre
droit", a souligné François Fillon, qui a souhaité "aller plus loin et
poser la question d'une taxation sur le contenu en carbone des produits
offerts sur le marché".
"Déjà l'Europe nous invite à mettre en place
une eurovignette pour que les poids lourds circulant sur nos routes ne
le fassent plus en totale franchise fiscale alors qu'ils engendrent des
nuisances, des risques et des coûts en infrastructures. Nous mettrons
en oeuvre cette eurovignette sans tarder en Alsace".
- Liban et
Palestine
François Fillon a promis des "initiatives" de la France
pour la paix au Liban et au Proche-Orient. "La France va prendre des
initiatives pour aider les communautés libanaises à se parler à
nouveau", a-t-il déclaré.
"Elle va prendre des initiatives pour
ranimer la petite flamme de l'espoir d'une Palestine libre et
démocratique coexistant pacifiquement avec un Etat d'Israël reconnu et
respecté par tous ses voisins", a-t-il poursuivi.
François
Fillon a souligné que "la France ne se résigne pas à voir le Liban de
nouveau menacé par la guerre civile" et "à assister impuissante à
l'assassinat de tous les dirigeants libanais qui osent défendre
l'indépendance de leur pays".
Elle "ne se résigne pas à voir la
bande de Gaza en état de siège permanent et la Palestine condamnée à
une partition de fait, avant même d'avoir pu exercer réellement sa
souveraineté sur son territoire", a-t-il également martelé.
- Terrorisme
La France "n'est pas à l'abri" du terrorisme et "les services de renseignements sont en alerte".
-
Défense
"Notre outil militaire doit être musclé autour de nos
objectifs de projection de forces et de dissuasion", a déclaré François
Fillon à la tribune de l'Assemblée Nationale, assurant qu'il n'était
"pas question de baisser la garde".
"Les choix que nous devrons
assumer ne seront pas faciles", a-t-il poursuivi. François Fillon
faisait allusion aux contraintes budgétaires qui pèseront sur la
prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui fixera les priorités
à compter de 2009.
"Ils ne se limiteront pas au point de savoir si
et quand il faut un deuxième porte-avions", a-t-il ajouté, repoussant à
plus tard une décision sur ce point.
François Fillon a confirmé formellement la
rédaction d'un "nouveau livre blanc qui sera rédigé à l'automne" et
précèdera la prochaine LPM.
Voici donc en brut des extraits de son discours d'aujourd'hui. Ces éléments d'actualité doivent permettre au débat que nous aurons demain en Assemblée Générale de NPS d'apporter des contre-propositions et un positionnement clair de toute la gauche.
A demain!
Léa Filoche